Notre sortie de janvier à Amiens a obtenu un grand succès auprès des adhérents. Deux activités fort différentes étaient proposées,
- le matin, visite guidée privée d'une exposition inédite au musée de Picardie (voir ici)
- l'après-midi, visite d'une entreprise patrimoniale bien vivante. Nous étions fort curieux de découvrir une entreprise textile centenaire gérée par la famille Dessaint, installée sur l'ancien site des usines de velours Cosserat.
Nous avons été accueillis par M. Philippe Dessaint, l'ancien directeur de l'entreprise désormais co-gérée par ses enfants.
C'est un guide passionnant et généreux qui ne compte pas son temps pour faire découvrir l'histoire de l'entreprise et de sa production aux visiteurs.
Grâce à lui nous avons eu la très bonne surprise de découvrir une entreprise picarde qui se maintient et réussi sur le créneau de la confection et du textile, par ailleurs si mal en point dans notre pays.
Dans l'avant-propos de la publication "Dessaint. Un siècle de textile à Amiens"*, Philippe Dessaint écrit justement :
- "Atteindre une centaine d'année est une véritable prouesse pour une entreprise. Dans la confection et le textile c'est devenu un pari, tant la concurrence des délocalisations est dévastatrice".
* Brochure écrite en collaboration avec Marie Joubert, rédactrice et Sébastien Guaquière, graphiste
Un siècle de vie qui n'a certes pas été un "long fleuve tranquille" pour cette entreprise familiale créée en 1911 par Hubert Dessaint, arrière-grand-père de Philippe.
Ce dernier nous expose que la pérennité de l'entreprise, malgré guerres mondiales, périodes de récession et autres aléas, s'explique par les capacités d'adaptation de ses dirigeants qui ont su comprendre les tendances du marché et oser se lancer sur de nouveaux créneaux quand la production traditionnelle était boudée par la clientèle.
Pendant très longtemps l'entreprise de confection fait surtout de la lingerie fine, elle fournit les boutiques spécialisées mais aussi les grands magasins tels La Samaritaine.
Sous-vêtements et chemises pour femmes et fillettes, hommes et garçons s'ajoutent à la gamme qui s'élargit encore dans les années 50 avec des aubes et des vêtements sacerdotaux.
Par ailleurs l'entreprise n'hésite pas, quand il le faut, à répondre aux urgences nationales et à faire face à de grosses commandes comme la fourniture de chemises et de ceintures pour les soldats lors des deux guerres mondiales ou, récemment, des masques lors de la dernière épidémie.
A la fin des années 60 la confection tend vers le haut de gamme. L'entreprise entreprend des partenariats qui la pousse vers toujours plus d'exigence et de créativité comme par exemple en 1975 avec le couturier Paco Rabanne.
Dans les années 80 la tendance est au "homewear", il faut produire des vêtements et des Tee-shirts avec des motifs originaux.
L'entreprise opte pour des petits groupes de production qui s'adaptent rapidement aux demandes des créateurs et des acheteurs.
La force de l'entreprise est de savoir produire à la demande en très petite quantité, parfois à l'unité, l'article spécifique souhaité par une collectivité, un club, une entreprise de spectacle voire un particulier.
Un exemple de cette flexibilité est "l'affaire des maillots" de hockey sur glace d'Amiens : l'entreprise a accepté de réimprimer en urgence les maillots des joueurs mal imprimés par une entreprise finlandaise. Cela a entraîné par la suite de nombreuses commandes d'autres clubs de sport de la région.
Ci-dessous flex posés à l'unité sur les maillots des supporters d'un club,
exemple de flamme publicitaire personnalisable,
impression de motifs originaux à la demande,
exemple d'impression de costumes exclusifs pour Disneyland, le Puy du Fou, les Miss France...
De nombreux clubs sportifs, entreprises de divertissement, voire service public ont recours à eux, même à l'étranger, pour les projets les plus divers, de la pose de logos personnalisés aux créations les plus extraordinaires.
Les adhérents, comme les membres du bureau, ont été vivement intéressés et ont appris une quantité de choses sur l'histoire du textile, à Amiens en particulier.
Cette visite ayant remporté un vif succès, nous vous proposons d'organiser l'année prochaine la visite d'une autre entreprise d'exception sur le même site Cosserat :
Le Conservatoire Textile d'Amiens,
animé par l'association Bleu de Cocagne,
qui rénove et présente les machines afin d'illustrer les nombreuses et capitales inventions des Picards.
Les coordonnées de l’association qui œuvre pour l’avenir du site et son rayonnement culturel :
Mémoire de Sayetteur 200 rue Maberly 80000 AMIENS
Son ambition est de faire de ce site un élément actif et attractif de l’offre culturelle et touristique de la ville d’Amiens. Dans un premier temps elle se charge du devoir de mémoire, et va procéder à l’entretien et la remise en état du monument aux morts.
. Nous lui souhaitons de voir ses projets pour le site évoluer favorablement.
