20 juin, 10h, Musée de Picardie
"Heures Italiennes "
Notre dernière sortie de la saison nous a menés à Amiens pour découvrir une petite mais magnifique exposition sur la peinture italienne des XIVe et XVe siècles conservée dans les musées picards.
Nous avons été chaleureusement accueillis et guidés par François Seguin, conservateur du patrimoine au musée de Picardie. Il nous a annoncé que c'était la dernière exposition du musée de Picardie à Amiens avant travaux, c'est à dire, en principe, avant juin 2019.
La collection d’œuvres de Primitifs italiens la plus importante conservée en Picardie est celle du musée Condé de Chantilly qui ne peut être déplacée. C'est pourquoi l’exposition amiénoise ne présente que les vingt-deux autres panneaux présents dans des abbayes, des églises ou des réserves de musées de Picardie.
Ces œuvres anciennes, pour la plupart peu connues, parfois redécouvertes et restaurées pour l'occasion, sont presque toutes issues de collections régionales établies au XIXème siècle. Elles sont rares car peu d’œuvres ont pu traverser sans dommages tant de siècles ! d'autant qu'elles ont été réalisées sur panneau de bois, un support particulièrement fragile s'il n'est pas entretenu dans des conditions optima.
Par exemple, la Crucifixion, (photo ci-contre), léguée par Jacques Boucher de Perthes au musée d'Abbeville. Son état ne permettait pas de la présenter au public avant que cet événement bienvenu ait permis de la faire restaurer.
C'est dans la "chapelle" du musée de Picardie que se tient l'exposition, un bel écrin néogothique particulièrement adapté à ces œuvres aux sujets essentiellement religieux. La chapelle était justement destinée, lors de la création du musée au XIXe siècle, à l'exposition des antiquités religieuses et objets liturgiques. Elle retrouve ainsi pour quelques mois sa vocation première.
C'était par ailleurs la dernière exposition du musée de Picardie à Amiens avant travaux, c'est à dire, jusqu'en juin 2019.
Retrouvez nos autres visites guidées dans le cadre d'"Heures italiennes" :
- Le volet beauvaisien consacré "Heures italiennes - XVIIe - le naturalisme et le baroque".
- L'exposition satellite d'Abbeville : "Rêver d'Italie".
François Séguin, conservateur du patrimoine -Amiens métropole, et Brigitte Bousquet, présidente de l'association des Amis du musée Boucher-de-Perthes / Vue partielle de la section 3.
HEURES ITALIENNES à AMIENS : LES PRIMITIFS, XVe SIÈCLE
10 MARS - 2 JUILLET 2017
Le volet amiénois est consacré aux Primitifs italiens du XIVe au début du XVIe siècle.
22 œuvres, presque toutes à thème religieux, offrent un panorama de la richesse artistique de l'Italie du XVe siècle. Plusieurs états rivalisaient sur le plan politique mais aussi artistique, ce qui explique une certaine diversité de style. Le principal centre culturel et intellectuel était la Toscane, mais plusieurs autres puissances favorisaient le développement artistique, tel le Royaume de Naples.
Section 1 : constitution des collections
Jusqu'au début du XIXe siècle, les peintres d'avant la Renaissance en général étaient dits "primitifs", leurs œuvres étaient peu prisées car jugées maladroites. Pourtant, dès la fin du XVIIIe, des artistes avaient commencé à s'y intéresser. A leur suite, des amateurs éclairés, comme Jacques Boucher de Perthes, les collectionnèrent entres autres curiosités et objets précieux.
Au XIXe les restaurations n'étaient pas toujours respectueuses des œuvres.
Prenons pour exemple, le petit Christ en croix légué par Boucher de Perthes au musée d'Abbeville, panneau du début du XVe siècle, provenant des Abruzzes. C'est un panneau de dévotion privé représentant le Christ en croix entouré de la Vierge et de Saint Jean. Ses personnages stylisés, le fond d'or, les lettres IC et XC (abréviation de Jésus Christ en grec) l'apparentent à une icône.
A l'origine il était cintré. Au XIXe siècle, le restaurateur l'a cassé pour le présenter bien à plat, non sans dommages pour la couche picturale... Magnifiquement restauré à l’occasion d’"Heures italiennes", il a retrouvé l'éclat de son or et la lisibilité des détails comme le crâne d'Adam sous le pied de la croix ou les motifs au poinçon, ils illustrent la finesse du travail mis en œuvre sur ces petits panneaux de dévotion dont l'usage se diffuse chez les particuliers à la fin du Moyen Âge.
Les antiquaires, peu soucieux d'authenticité, n'hésitaient pas à démembrer et découper les œuvres pour multiplier les ventes. C'est ainsi que des morceaux d'un même panneau peint peuvent se trouver dans plusieurs musées. Au contraire un nouveau polyptyque pouvait être recomposé avec des éléments de diverses origines parfois associés à des contrefaçons du XIXe siècle.
C'est le cas du grand et beau retable offert par le prince Radziwill à une église d'Ermenonville en 1866. Ce polyptyque contient plusieurs panneaux aujourd'hui attribués à des peintres différents. Jacopo di Cione, de Florence, pour la Vierge à l'Enfant ainsi que Christ rédempteur dans le gâble au-dessus, vers 1380-90 ; Lippo Memmi de Sienne pour les panneaux latéraux, vers 1320-35 ; le Maestro del Trittico di San Bartolomeo pour les panneaux de la prédelle, fin XIVe - début XVe, recomposés et complétés par un peintre anonyme au XIXe siècle pour être aux bonnes dimensions ! La structure qui les rassemble date du XIXe siècle.
En exemple du regain d'intérêt pour les œuvres des primitifs italiens, est exposé le fragment de prédelle ci-contre, représentant Deux saints évêques et la Visitation, daté du XIVe siècle. Il a été rapporté d'Italie par le peintre Antoine-Jean Gros, élève de David. Pendant son voyage en Italie (1793-1800), il a copié de nombreuses œuvres de primitifs, notamment des fresques de Masaccio.
Parmi les grands collectionneurs du XIXe siècle, figurent les époux Jacquemart-André grâce à qui dix de ces vingt-deux tableaux sont présents dans l'exposition. Nélie Jacquemart a décoré l'abbaye de Chaalis (Oise) avec leur collection de peinture italienne. Le Saint Jérôme lisant ci-contre en fait partie. Il était, comme tous les tableaux de l'époque, réalisé sur panneau de bois mais, lors d'une restauration ancienne, il a été transposé sur toile. Il est attribué à Benzoni, actif à Ferrare à la fin du XVe siècle.
Une grande partie de la collection de Giampietro Campana Di Cavelli, célèbre collectionneur italien du XIXe siècle, fut rachetée en 1861 par Napoléon III. Elle comportait beaucoup de tableaux et sculptures de la Renaissance italienne. La plupart des objets sont au musée du Louvre mais quelques-uns sont répartis dans les musées de province comme cette Vierge à l'enfant, provenant d'Ombrie, de l'entourage du Pérugin, fin XVe, déposée au musée Vivenel de Compiègne.
Section 2 : Les plus anciennes Vierges à l'enfant
Au XVe siècle, la figure la plus demandée aux peintres pour les tableaux de dévotion privée est la Vierge à l'enfant.
La plus ancienne présentée à Amiens est conservée en l'église Saint-Sulpice de Pierrefonds. Elle est datée d'environ 1350-1375 et est attribuée au "Maestro dell'altare di San Niccolo", actif à Florence dans la seconde moitié du XIVe siècle. Le fond d'or, la pose hiératique et quelques détails comme les longs doigts raides et les plis stylisés du lange font penser à une icône, malgré la douceur du visage rond. La Vierge, drapée d'un ample manteau bleu brodé d'or, est assise en majesté, sur un trône de style gothique qui suffit à occuper presque tout le fond. Dans une pose solennelle un peu adoucie par l'inclinaison de la tête, le regard direct, elle s'affirme comme la Mère de Dieu présentant au monde son fils debout sur ses genoux.
Au début du XIVe siècle apparaît un nouveau modèle, né vers 1317 avec Simone Martini, "La Vierge d'humilité".
Nous en avons un exemple avec ce petit panneau de Chaalis, œuvre d'Angelo Puccinelli, vers 1375, actif à Sienne. La Vierge est assise par terre, l'Enfant allongé entre les bras. Mais l'évocation de la crucifixion vient donner un sens religieux et tragique à cette humble maternité. Dans le gâble est représentée une Trinité : Dieu le Père soutient la croix sur laquelle est cloué le Christ. Entre eux plane le saint Esprit. Nous sommes bien en présence de la Mère du Christ, qui nous fixe d'un regard d'une infinie tristesse.
Une autre Vierge d'humilité de Giovanni di Francesco Toscani, datée de 1415-1420, pourrait être une copie d'un tableau de Giotto. Il témoigne en tout cas de la constance de l'influence de Giotto en Toscane un siècle après sa mort. Couleurs pastel, souplesse dans les plis des vêtements, regards et gestes tendres qui s'échangent entre la mère et l'enfant montrent une certaine volonté de réalisme et d'humanisation des personnages. Par contre, le fond or apparente encore ce panneau à la "manière grecque".
Ce panneau a été inséré dans un cadre moderne et assorti au XIXe siècle d'une prédelle qui n'a aucun rapport avec lui.
A propos de "l'humanisation des personnages" chez les Primitifs italiens, lire l'article sur BS-encyclopédie.
Jusqu’au début du XV e siècle, c’est le style élégant et précieux du gothique international qui domine, reconnaissable aux silhouettes longilignes assez gracieuses. Deux autres Vierges à l'Enfant témoignent ici de ce style gothique.
Vierge à l'Enfant entre saint Jérôme et Saint Julien l'hospitalier du "Maestro del 1416", Florence, vers 1400, conservée à Pierrefonds. La Madone de style giottesque semble flotter entre deux anges. A ses pieds, sur un sol pavé à peine marqué d'un effet de perspective, se tiennent deux saints de plus petites proportions, mais aux silhouettes plus allongées.
La Vierge à l'Enfant entre Saint Julien l'hospitalier et Sainte Dorothée (?), de Giovanni dal Ponte, Florence, vers 1415, est conservée à l'abbaye royale de Chaalis. "Avec ses figures au canon allongé, aux postures fortement hanchées, aux courbes sinueuses et aux couleurs vives", le style gothique international y est plus marqué que dans la précédente. L’œuvre présente le même schéma mais la Vierge est moins massive et la taille des Saints se rapproche de la sienne. Les personnages sont plus réalistes, moins raides, leur attitude plus naturelle. L'Enfant a un geste spontané vers sa mère qui le regarde. On note le déhanchement typique du gothique international en particulier dans la silhouette de la Sainte que les fleurs dans son manteau font identifier comme Sainte Dorothée.
Section 3 : L'orée de la Renaissance
Florence, entre quattrocento et cinquecento, constitue un foyer majeur des innovations picturales au XVe siècle.
Sur le plan matériel, on remarque un nouveau type de format : le tondo, le tableau de dévotion devient aussi pour les demeures privées un élément décoratif, signe de richesse.
Sur le plan stylistique on note en particulier la recherche des effets de profondeur. Les fonds d'or sont remplacés par des paysages fictifs et grâce à la maîtrise progressive de la perspective cela donne du relief au premier plan. Les effets de modelé et la finesse des détails sont obtenus plus facilement avec l'introduction de la peinture à l'huile, elle remplace la tempera à l’œuf, moins fluide, et permet un travail plus subtil.
Ainsi, derrière la Vierge à l'Enfant du premier tondo, une ouverture laisse apparaître un paysage varié, animé de petits personnages, d'arbres et de bâtiments. Sur le rebord de la fenêtre, un vase contenant un bouquet assez maladroit symbolise la pureté de la Vierge (transparence du verre et fleurs blanches) et annonce la passion (fleurs rouges). Cette Vierge à l'Enfant date de la fin du XVe, elle fait partie de la collection Jacquemart-André.
L’œuvre, au visage si typique des figures de Botticelli, peut être attribuée à l'entourage de Sandro Botticelli (1445-1510) dont l'atelier a fourni un grand nombre de ce type d'objets de piété, les "tondi", consacrées généralement au thème de la Vierge à l’Enfant. Le maître fournissait les modèles aux élèves de sa "bottega" qui les recopiaient avec plus ou moins d'habileté. Ces modèles étaient parfois repris par des concurrents.
La Vierge et l'Enfant avec le petit Saint Jean-Baptiste et deux anges, du Pseudo Granacci (actif vers 1490-1525, dont le style est proche de Francesco Granacci) est conservée à l'abbaye de Chaalis.
La tendresse des relations entre les trois personnages est rendue avec naturel, l'Enfant, maintenu sans raideur par sa mère attentive, caresse la tête de son cousin. De la main gauche il attrape le bâton cruciforme, symbole de la mission annoncée.
Autre thème proche, La Sainte Famille adorant l'Enfant avec le petit Saint Jean-Baptiste, attribuée au Maître du Tondo Campana (fin XV e siècle) vient du musée de La Fère. Il est dans la lignée des œuvres produites par l'atelier du Pérugin qui avait un atelier à Pérouse et à Florence à la fin du XVe siècle et dont les modèles ont été beaucoup réutilisés. Le paysage, vallons, arbres, tour, rochers improbables, est stylisé avec un camaïeu de couleurs fondues pour mettre en valeur le premier plan. On admire la douceur des formes, des expressions et des couleurs du groupe Vierge et enfants, avec toujours la présence d'un bâton cruciforme. Saint Joseph, les traits plus marqués et les couleurs plus fortes, est présent mais à l'écart.
Luca Signorelli (Cortone, vers 1450-1523), un élève d’Andrea del Verrocchio, est l’auteur d’une Vierge à l'Enfant avec saint Jean-Baptiste et Saint Jean l'évangéliste, vers 1490, qui a conservé son cadre original, portant le blason du commanditaire. Il fut sans doute réalisé à Florence au début de la carrière de Signorelli, car le panneau est cintré suivant un modèle de panneau de dévotion privée typiquement florentin.
Saint Jean-Baptiste est représenté en adolescent blond, vêtu de peaux de bête et porteur d'un bâton cruciforme. Il semble présenter la Vierge et l'Enfant très conscients de la fin tragique prescrite. A droite se trouve un Saint plus âgé, identifié à Jean l'évangéliste rédigeant son texte. On note le travail de perspective initié au sol qui donne un certain recul au groupe des personnages. Leur qualité sculpturale est remarquable ainsi que le subtil jeu des lumières et l'atmosphère de méditation mystique de la scène.
Un élément de prédelle, provenant de Sienne et daté fin XVe, montre l'intérêt des peintres pour la perspective dans la représentation en biais du tombeau et pour le paysage qui est ici très varié.
Il représente un saint devant un tombeau plein de fleurs, symbole habituel de l'Assomption de la Vierge. Il s'agit probablement de Saint Thomas qui, refusant de croire à l'Assomption, aurait fait ouvrir le tombeau de la Vierge et l’aurait trouvé plein de fleurs. La Vierge fit tomber sa ceinture du ciel pour achever de le convaincre.
Section 4 : Les autres foyers de création
En marge des foyers plus innovants du centre de la péninsule, les autres régions d’Italie font preuve de vitalité tout en restant davantage attachées aux traditions.
Cette Vierge à l'Enfant, conservée au musée de Laon, est originaire d'Ombrie, vers 1490. Elle vient de la collection Campana.
La douceur des expressions, la délicatesse de la carnation - très pâle rehaussée de légères touches roses - ou encore le traitement de la coiffure rappellent la peinture du Pinturicchio et l'influence de son maître Le Pérugin, notable par l'équilibre parfait entre élégance et simplicité. Le traitement du paysage semble davantage inspiré des recherches florentines sur la perspective atmosphérique.
Le cadre a été refait, selon sa forme d'origine, prévoyant au bas du panneau une sorte de prédelle avec l'inscription : Salve Regi[n]a.
Le grand polyptyque, haut de 3 mètres 50, composé de 9 panneaux peints par le Napolitain Stefano Sparano (actif au début du XVI e siècle) était en pièces détachées lorsqu'il est entré dans les collections du Musée de Picardie en 1911, offert par le peintre amiénois Jules Boquet. Les Antiquaires de Picardie ont fait sculpter à ses mesures un nouveau cadre monumental dans lequel il est présenté depuis.
Le recours au fond d'or, les postures frontales traditionnelles, montrent l'ancrage des royaumes du Sud dans la tradition alors que l'utilisation (probable) de la peinture à l'huile témoigne de l'adoption de nouvelles techniques venant du nord.
Dans le fronton une Déploration du Christ mort est entourée d'une Annonciation. Au centre du retable, la Vierge à l'Enfant trône en majesté entre Saint Pierre et Saint Paul. Les panneaux de la prédelle représentent les 12 apôtres rangés par 6 de chaque côté, tournés vers une sorte d'icône du Christ portant sa croix, au centre, c'était en fait la porte du tabernacle. Cela montre que cet ensemble était bien un retable destiné à être placé à l'arrière de l'autel dans une église.
Les deux petits tondi de l’Annonciation du musée de La Fère étaient destinés sans doute à être placés dans les gâbles d'un retable, comme ceux vus sur le retable Radziwill. Ce sont des œuvres typiques de la première Renaissance piémontaise, incarnée par Gandolfino d’Asti (actif vers 1493-1510). Les peintres de la région d'Asti faisaient la synthèse des modèles des régions alentours, Toscane, Lombardie, comté de Nice. Ici les figures conservent le style gothique international, cela se remarque à l'impression de douceur et d'élégance, à la préciosité des gestes et au soin apporté aux éléments décoratifs.
Les deux seuls panneaux profanes de l’exposition, conservés à Chaalis, étaient conçus pour orner les plafonds des palais lombards. Ce ne sont pas de véritables portraits, plutôt des petites figures allégoriques. Elles étaient insérées à la base du plafond des salles d'apparat dans les demeures seigneuriales, entre les poutres, légèrement de biais pour être admirées du sol.
Fabriqués en série, ces panneaux représentaient souvent des bustes d'homme et de femme, de face ou de profil, habillés et coiffés avec raffinement, les modèles stéréotypés étant diversifiés par quelques détails. Des centaines de petits portraits de ce type ont été dispersés au XIXe s. et se retrouvent en grand nombre dans les collections françaises.
L'attribution à l'atelier de Bonifacio Bembo (Crémone, actif entre 1445 et 1489) est due en particulier à un détail récurrent dans ses œuvres : la broche ovale très stylisée composée de perles et de pierres et surmontée d'un chérubin, qui pourrait être un porte-bonheur symbolique pour un mariage heureux et durable. Les détails vestimentaires datent ces panneaux d'environ 1470.
Un autre panneau attribué à la bottega Bembo, c. 1445, conservé à Chaalis, représente un personnage de profil tenant une palme et une épée, chaussé d'éperons, ce chevalier martyr pourrait être Saint Julien ou Saint Georges.
Panneau latéral droit d'un polyptyque démembré, il était en très mauvais état et a été transposé sur toile et beaucoup restauré à une date inconnue. Il peut être néanmoins attribué à Ambrogio Bembo auteur de nombreuses figures de ce type qui illustrent la persistance, au milieu du XVe siècle, dans les provinces septentrionales de l'Italie, de l'usage du fond d'or et du style précieux du gothique international.
Avant de quitter le musée nous avons vu la petite exposition consacrée à Albert Maignan (1845 - 1908), peintre et illustrateur, l'un des donateurs importants du Musée de Picardie. Lors de ses voyages en Italie il a copié à l'aquarelle de très nombreuses œuvres de primitifs. Il s'en inspirait ensuite pour composer certains de ses tableaux, comme cette représentation de Fra Angelico endormi pendant qu'un ange complète sa fresque de l’Annonciation.
Comme nous le savons, cette initiative de l'INHA et des conservateurs de Picardie a permis de retrouver, de ré-attribuer et de restaurer de nombreuses œuvres. Le Fra Angelico de Maignan était jusque là oublié dans la sacristie d'une église de village. De son côté, le Musée de Picardie, ayant connaissance de son existence par les archives de Maignan, le recherchait pour son exposition. Le lien s'est renoué entre le tableau perdu et le tableau retrouvé...
Compte rendu et photos J. Henocq
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